Les lieux-dits " Les  Viviers " aux Ulis


Tiré du livre " Dessine moi une ville, Les Ulis " 1993
ISBN2-9503849-43

Ce nom apparaît en latin dans deux chartes du Cartulaire de Longpont, aux environs de 1090-1100.

" DE VIVERII (des Viviers) et APUD VIVERIOS (aux Viviers) La première de ces deux chartes établit la donation à l’abbaye de Longpont-sur-Orge, par " Geoffroy fils d’Urric " (il s’agit sans doute de Geoffroy Ier de Boulogne, évêque de Paris entre 1061 et 1095), de la " Chapelle des Viviers " et de ses dépendances.

Ce fut un fief important de 50 hectares de terres avec fer me. Seule la ferme du Grand Vivier existe encore. Riche d’un passé presque millénaire, elle englobe le territoire du Petit Vivier.

Le Petit Vivier

La donation au XIème siècle à l’abbaye de Longpont de la chapelle des Viviers et de ses dépendances est la première information relative à ce lieu, On peut supposer que ce nom fait référence à la présence d’un étang à carpes.

Au Xème siècle, le lieu devait être au moins un hameau puisque vingt ménages de paysans y vivaient, cultivant la terre pour l’église de Saint-Merry de Linas, explique l’abbé Lebeuf dans son "Histoire du diocèse de Paris.

M. Poussepin possédait cette ferme avant 1653. Acquise ensuite par les religieux de Sainte-Catherine, elle a disparu des cartes en 1 760. Situé au XVIIIème siècle à quelques centaines de mètres au sud du Grand Vivier, le Petit Vivier a aujourd’hui disparu. Mais nul doute que des constructions aient existé là car on a rencontré, explique M. Philippe, lors des labours, des pierres meulières disposées de telle sorte qu’elles rappelaient des fondations d’habitations. C’est aussi sur ce lieu qu’a été trouvée en 1960 la hache néolithique citée précédemment. Le Petit Vivier se situait sur la pièce de terre où se trouve actuellement l’usine frigorifique.

Le fief et la ferme du Grand Vivier

Ils auraient été donnés par un seigneur d’Orsay aux Céiestins de Marcoussis le 18juillet 1417, c’est-à-dire peu après leur fondation (1408). Au XIIème siècle, " Guiliaume, seigneur d’Orsay, était homme-lige du Roy en partie pour ses biens que quelques particuliers tenaient de lui aux Viviers ".

Le domaine du Petit Vivier aurait été vendu aux Célestins de Marcoussis en 1619 par Robert de Balsac, seigneur de Montagu, qui l’avait acquis de M. de Saint-Brisson, seigneur d’Orsay. Les Baisac, seigneurs de Marcoussis au XVIème siècle, sont dits également "seigneurs du Grand-Vivier" Le Grand et le Petit Vivier ont donc été réunis au XVIIe siècle

En 1626, la métairie des Viviers comprenait une maison d’habitation et une grange à côté, le toit couvert en tuiles, des étables et bergeries avec une petite grange à l’entrée de la cour, celle-ci couverte en chaume. Plus loin, une autre grange couverte en tuiles. Dans les champs, un fossé, un clos en friches, et un jardin entre les deux granges, le tout d’un seul tenant sur la route d’Orsay à Villeziers.

Cependant, le terroir des Viviers relève depuis fort longtemps de trois seigneurs différents. Il forme autrement dit "trois corps de fief" celui des chanoines de Linas (102 arpents de terre, l’arpent de Paris représentant 3419 m2); celui des seigneurs de la Bretonnière et de la Norville (la ferme + 180 arpents de terre); celui des seigneurs d’Orsay (XIIème, XIIème siècles), repris par les religieux de Sainte-Catherine, et de nouveau par les seigneurs d’Orsay (fin XVIème - début XVIIème siècle), les Balsac, et enfin par les Célestins de Marcoussis (environ 124 arpents).

En 1 770, la ferme des Viviers était affermée à seize muids de blé et deux muids d’avoine. Quinze ans plus tard elle était louée à bail de neuf années commencées, au Sieur Charles Brunet Giilet moyennant six mille cinquante livres payables aux termes de Noèl et de Saint-JeanBaptiste.

Le monastère de Marcoussis exploitera les terres jusqu’à la Révolution.

Le fief et la ferme de Cortabeuf

Au XVIIème siècle " Un fief château avec maison manable, cour, bâtiments, muraille, jardin et 300 arpents de terres labourables et bois " (Monographie de l’instituteur d’Orsay, Archives nationales, 1899).La ferme existe toujours.

L‘ancien fief de Courtabœuf, situé au carrefour des trois communes d’Orsay, Villejust et Villebon, releva longtemps soit de la seigneurie d’Orsay, soit de celle de Palaiseau. La première mention apparaît dans le Cartulaire de Notre-Dame de Longpont (acte 286) datant de 1150-1200. Un certain Pierre de Montreuil fait don, à sa mort, pour le repos de son âme, à l’abbaye de Longpont de " toute sa dîme de Cou rtabuf ". Pierre de Montreuil aurait-il été au xiie siècle seigneur de Courtaboeuf?

Anciennement écrit " Curtebuf ", puis jusqu’au XIXème siècle " Courtabeuf ", Courtaboeuf signifie très certainement "La Ferme aux Boeufs" ("boeuf" se dit "buef" dans un texte français du XIIème siècle)

Selon l’abbé Lebeuf, le terroir de Courtaboeuf aurait constitué deux fiefs différents, depuis une époque très ancienne " Courtaboeuf, dont on ignore le nom latin, est un hameau relevant en partie de Montlhéry, et en partie de Magny I’Essart. "

A l’époque féodale, caractérisée par les luttes intestines entre seigneurs, le concurrent et adversaire du seigneur de Courtaboeuf, dont le vaste domaine s’étendait vers la Vallée jusqu’à Limours, était le seigneur de Montlhéry, réputé être un bandit des grands chemins, dévalisant les voyageurs sur ce qu’était la Route Natinale 20 à l’époque. Aux côtés des diverses fermes implantées sur ce secteur, se trouvait un village de serfs, qui était Orsay.

Or la tour de Montlhéry relevait directement du roi, ce qui explique la présence de nombreux " aveux et hommages" rendus au roi en personne par les seigneurs de Courtabeuf. Nous avons pu recenser les noms suivants

  • 1399 (et avant) : Jean Le Brun, écuyer, seigneur de Palaiseau.
  • 1400: Guillaume Il de Harville, échanson de Charles VI, époux de Jeanne Le Brun, mort à la bataille d’Azincourt.
  • 1461 : Guillaume III de Harville, fils du précédent.
  • 1498: le fief est passé à une famille de Meauze (parente des Harville par alliance).
  • Vers 1 532: Fiacre de Harville rachète le fief à Anna de Meauze (selon Lebeuf).
  • 1521-1540: on retrouve les noms des de Meauze, joints à un certain Guy du Mesnil.
  • 1610: Le fief appartient à Louise Peloquin et à son oncle Joseph Lemercier; tous deux l’ont acquis de M. du Mesnil.
  • 1655: aveu par F. de Harville des Ursins, marquis de Palaiseau. Aveu par Josias de Rouen pour partie de Courtaboeuf, une saisie féodale aurait été faite sur son fief en 1671.
  • 1712: Charles Boucher, seigneur d’Orsay, prévôt des marchands de Paris, acquiert le fief principal de Courtabœuf, complété par l’acquisition d’un second en 1724.
  • 1 751 : Marie-Anne Boucher d’Orsay est dite "dame des terres et seigneurie de Courtaboeuf ".
  • 1 767: Pierre Grimod du Fort, comte d’Orsay, achète Courtaboeuf.
  • Les propriétés de la ferme furent vendues sous la Révolution comme biens nationaux. La Caisse des Dépôts s’en est rendue propriétaire en 1960. Les bâtiments de la grande ferme que fut Courtabœuf, jusqu’à ce que la tranchée de l’Autoroute A10 vînt couper en deux le domaine, se dressent aujourd’hui au milieu de la zone d’activité des Ulis.