Voila un peu plus de deux siècles, nos ancêtres subissaient un ouragan de grêle d’une violence exceptionnelle.
En fait cet orage est double et décrit
d’un bout à l’autre de sa trajectoire, deux bandes à peu
près parallèles ou la grêle seule est présente.
La bande ouest qu’on vient de décrire, mesure 13 à 22 km
de largeur, alors que la bande est, plus étroite (7 à 13
km). Cette seconde zone, à la grêle aussi violente, est née
sur le pays d’Albret puis, par Coutras (Gironde) et Angoulême.
Elle rejoint la Loire à Blois où
son activité se renforce. A 7 h 30 la grêle est sur Orléans,
à Andonville (Loiret) et en Beauce à 8 h. Elle atteint le
faubourg Saint-Antoine à Paris à 8 h 30, Crépy-en-Valois
(Oise) à 9 h30, Le Cateau (Nord) à 11 h, Utrecht (Hollande)
à 14 30. Entre ces deux zones de grêle qui ne se rejoignent
jamais, une bande 13 à 34 km de largeur ne reçoit que de
la pluie, qui tombe sur les marges extérieures des deux bandes de
grêle. De la Loire à la frontière belge actuelle, 450
km sont touchés, l’ orage se déplaçant à une
vitesse de 75km/h.
Quand les habitants peuvent enfin sortir , ils trouvent des amoncellements de glace qui atteignent 80 cm de hauteur dans les angles des murs qui mettent trois jours à fondre, les grêlons, énormes, s’étant soudés par la chaleur. En plaine, les hommes, peu nombreux, car nous sommes un dimanche, jour obligatoirement chômé, ne souffrent que de blessures et de contusions au visage et aux mains. Pas de morts connus. Mais le petit gibier trouve par milliers lièvres, lapins, perdrix, faisans tués ou estropiés. On ne compte pas les murs abattus, les toitures crevées, les maisons renversées (même l’église de Gallardon, Eure-et-Loir), les carreaux cassés. Dans le château et les dépendances du domaine de Rambouillet, racheté en 1778 par Louis XVI au duc de Penthièvre, les experts comptent 11 750 carreaux cassés, 1 000 arbres abattus, rompus, ou tortillés « comme des harts (liens) de fagots « , des milliers d’autres couverts de plaies. Dans la plaine, les blés qui ne sont pas encore moissonnés sont hachés, les vignes souffrent au point qu’il n’y a pas de bois pour la taille de l’année suivante.
Les autorités, impuissantes, ne peuvent
que constater les dégâts. il est conseillé de labourer
aussitôt les terres ravagées et de semer des raves, de la
moutarde, de la vesce, des choux, des navets ou de la chicorée sauvage,
mais la graine manque souvent.
Les agents de l’ administration essaient d’évaluer
les dommages mais, comme il n’y a pas de système d’assurance, il
faut se contenter d’une modération d’impôts dans les paroisses
les plus touchées. Au total, il y en a près de mille de sinistrées.
C’est la généralité d’Orléans qui a le plus
souffert (Loiret, Loir-et-Cher, Eure-et-Loir), suivie de près par
l’ ile-de-France et par les généralités de Soissons
et d’Amiens. Rien que pour les récoltes détruites, la perte
est évaluée à quelque 25 millions de francs or. A
une époque où les rendements atteignent 10 à 12 q/ha,
cela représente 1 200 000 quintaux de blés envolés
et plus de 100 000 ha de terres qui ne seront pas moissonnés.
Mise à jour le 25 novembre 2001