Auteur: Gabriel B.
Source: "Histoire de la ville et de
tout les doisèce de Paris par l'abbé LEBEUF"
Bibliothèque Historique de la Ville
de Paris
Hors du cercle étroit des habitants du
canton et des spécialistes de la distribution électrique,
le village de Villejust est pratiquement inconnu. Malgré sa singularité,
ce beau nom sonore unique en France n’est entré dans l’actualité
que par les travaux du tunnel du T.G.V. Et pourtant il y a là une
longue histoire.
L'abbé LEBEUF dans son "Histoire de la ville et de tout les doisèce de Paris" nous décrit Villejust ainsi « La paroisse de Villejust est située à cinq lieues de Paris à gauche de la route de Chartres, une lieue par de là Palaiseau. En approchant de ce village, on trouve du côté de Paris une montagne raide vers le haut de laquelle sont les vignes du lieu qui sont exposées vers le levant et produise dubon vin blanc. Après quoi on se trouve dans la plaine de labourages dans la quelle est bati le village dont le territoire ne laisse pas d'être garni de vergers avec grande quantité de pommiersLa première mention écrite de Villejust se retrouve dans le Cartulaire de Longpont. Dans celui-ci est conservé le souvenir d’une Dame très ancienne appelée Odeline, laquelle, se faisant inhumer dans ce monastère, lui légua « tout ce qu’elle avait à Villa Justa », soit en terre, soit en bois, avec le consentement de sa fille Eremburge. Ce texte est certainement antérieur à l’an 1200. La légende de Saint Landry, évêque
de Paris, composée vers le même temps, rapporte parmi les
miracles de ce pieux personnage mort en 1140, la guérison d’un paralytique
nommé Odon et qualifié de « Armiger de Villajusta ».
On remarque au passage les deux graphies « Villa Justa » et « Villa Juxta » qui fournissent deux étymologies pour le nom actuel, étant entendu qu’on peut écarter d’emblée l’hypothèse d’une corruption à partir de « Ville de Julien ». La plus probable reste l’interprétation gallo-romaine c’est l’exploitation agricole (villa) d’un certain Justus. Mr de Valois donna plus tard une hypothèse plus originale, il dit que ce village fut ainsi nommé parce que rien n’y manque, qu’il est pourvu de tout ce qu’il faut c’est ce que signifie l’adjectif « Justa », de même que l’on appelait « justum exercitum » les troupes qui sont munies d’armes, de chevaux et de tout ce qui est nécessaire à leur état. A la fin du XIIe siècle, sous Philippe-Auguste, dans l’inextricable réseau des liens féodaux, on trouve que le principal Seigneur Homme Lige du Roi pour Villejust se nommait Garin du Ver il avait donné en fief à Thibaud Cocherel, et en arrière-fief à Guillaume de Villejust ce qu’il tenait du Roi en ce lieu. Par la suite, le nom de Villejust n’apparaît que rarement. Il est mentionné au XIVe siècle dans le nécrologe de l’Eglise de Paris par l’exécuteur testamentaire d’un certain Renaud de Bussière, chanoine de Paris, qui disposait d’une rente annuelle de huit livres « apud Villam Justam » Jusqu’au milieu du XVIe siècle on n’entend plus parler du village, alors que de nombreuses mentions sont faites de Courtabœuf, seigneurie mouvante du Roi à cause de son chastel de Montlhéry. Cette seigneurie appartenait à la famille de Harville des Ursins qui avait de hautes fonctions à la Cour et dont l’un des membres, Claude de Harville, seigneur de Paloiseau et de Courtabœuf, portait la cornette blanche à la bataille d’Ivry. Réapparition de Villejust le 31 Mai 1556, date de la dédicace de l’Eglise et de la bénédiction des quatre autels par Charles, évêque in partibus de Mégare; l’anniversaire solennel de cette dédicace était fixé au Dimanche d’avant la SaintJean. A cette époque on trouve que Thomas de Balsac, chevalier des Ordres du Roi, comparut à la Coutume de Paris de l’an 1580 comme Seigneur de Villejust. Un siècle plus tard, cette terre a appartenu au Sieur Hubert de Champy, Chevalier, Intendant des armées navales de Sa Majesté et de la Marine à Brest, Seigneur des Clauseaux, Villebon, Villejust, La Plesse, Courtaboeuf, grand et petit Villefeu. Il ne résidait pas dans le pays qui ne comportait pas de château et est mort à Brest le 6 Mai 1701. A cette époque les livres de l’Election de Paris ont l’usage de joindre à toute nomination de Villejust son principal écart Fretay, Ferté, La Ferté, ou La Frète... Le dénombrement de 1709 met en ces deux lieux ensemble 32 feux , 50 selon le sieur Doisy, le "Dictionnaire Universel des Villages de France" y compte en tout à 230 habitants. Les plus anciens livres d’Etat-Civil conservés à la Mairie remontent à 1620 leur étude pourrait offrir bien de l’intérêt. Vers 1730 c’est M. de Louvain, Officier du Roi, qui en était le Seigneur. La terre devait alors passer à M. de Jolibois, Fourrier-Maréchal des Logis, dont on sait qu’il n’y avait pas non plus de château. Il dépendait de Mr le duc de Brissac comme Seigneur de Villarceaux. Arrive la Révolution. Par décrets de l’Assemblée Constituante en date des 15 Janvier, 16 et 26 Février 1790, sanctionnés le 4 Mars suivant par lettres patentes du Roi, la France est divisée en 83 départements (districts, cantons, municipalités). Villejust qui faisait partie de la Généralité de Paris devient part du canton de Palaiseau avec Bures, Marcoussis, Nozay, Orsay, Villebon et La Ville du Bois. Le village contenait à ce moment 72 feux de 309 habitants. Lors de l’élection à deux degrés pour l’Assemblée Législative, Duval de Villejust fut élu délégué par 89 voix. Dans la garde nationale de Palaiseau, forte de 13 compagnies et de 1290 hommes, 80 gardes étaient originaires de Villejust. Notre village fut alors distingué au sein du canton à une occasion dont la relation semble assez savoureuse pour être rapportée ici « Ce jourd’hui, vingt Prairial, l’an Il de la République une et indivisible, après avoir satisfait au tribut de reconnaissance que nous devons à l’Etre suprême, le Conseil Général de Palaiseau s’est assemblé en la maison commune à l’effet de choisir un élève à la Patrie, de l’âge de seize à dix-sept ans et demi pour recevoir dans l’Institut Révolutionnaire toutes les connaissances et les moeurs d’un soldat républicain, conformément à la lettre circulaire envoyée à cette municipalité par l’agent national provisoire près le district de Versailles en date du dix-sept Prairial. En conséquence pour nous y conformer, Nous, Maire et Officiers municipaux, agent national et notables de cette Commission, présents, nous avons nommé à l’unanimité le citoyen Antoine Laisné, âgé de seize ans et demi, né à Villejust, taille de quatre pieds six pouces et demi (soit 1,48 m...), cheveux et sourcils châtains, yeux gris, nez bien fait, bouche moyenne, menton rond, front couvert, visage ovale, lequel après lecture à lui faite de ladite circulaire a accepté et a déclaré ne savoir signer...»En 1795, le 11 Avril, vente de la ferme du petit Courtaboeuf provenant de l’émigré Condé, ci-devant seigneur de Palaiseau, à Gastinel frères, négociants à Versailles pour 81.200 F (Biens nationaux - Villejust). On arrive alors à l’époque moderne où les registres municipaux permettent de suivre régulièrement l’évolution de la Commune. On peut signaler qu’en 1817 la propriété dite « Les Pavillons » appartenait à M. Pouquet, maire du village. A cette époque les coteaux Est, donnant sur Palaiseau et Paris, étaient couverts de vignes qui produisaient un agréable vin blanc. Les nombreuses mares du plateau fournissaient des sangsues réputées pour leur voracité aux apothicaires de Paris. Un petit village était alors établi sur les rives du Rouillon, emplacement actuel du Bois des Vignes il est entièrement disparu mais on peut encore en retrouver des débris de murs. Dès cette époque une intense activité d’extraction de grès et de sablon occupait de nombreux ouvriers.La population a cru lentement :600 habitants en 1876, 531 en 1936, 577 en 1954. Le seul monument digne d’intérêt existant à Villejust est l’Eglise. Le monument actuel, d’architecture toute simple, date vraisemblablement de 1520, sauf le clocher qui, menaçant ruine, a été reconstruit en 1900. Quelques dalles posées dans la nef ont été probablement destinées à couvrir des sépultures selon un usage qui voulait que, par humilité, les cendres des fidèles défunts fussent foulées aux pieds par les vivants qui venaient prier en ce lieu. Sur une de ces dalles on devine une effigie de femme et une épitaphe en lettres gothiques « Noble Dame... épouse de Chainemelun, Sieur de Cluniairencourt, décédée en 1533 ». Seule la date reste à peu près lisible. Voici ce que L'abbé LEBEUF nous en dit: ... « L'église est un batiment imparfait qui n'a qu'une seule aile, le choeur en voute. Cet édifice neLe confessionnal en chêne sculpté est un si magnifique chef-d’oeuvre qu’on tient pour assuré qu’il a été conçu et fabriqué pour une église beaucoup plus importante, sans doute pour l’abbaye de Longpont. La chaire porte les initiales entrelacées de St Julien et de St prix. Le Christ, de facture médiocre, offre la particularité d’être sculpté en buis. La cloche porte une inscription : « L’an mil sept cent quarante neuf j’ai été bénite par vénérable et scientifique personne, Me Jacques Bertrand, prêtre de cette église, et nommée Gabrielle-Jeanne par demoiselle Gabrielle-Jeanne Duquesne, dame de la terre et seigneurie de Villejust et autres lieux, veuve de Antoine François de Jolibois, Ecuyer, maréchal des Logis du Roy, et par Maître Jean Philippe Hippolyte Lambert, chevalier, conseiller du Roy, président, Président trésorier de France général des Finances et grand voyer de la Généralité de Paris, son gendre. Jehan Cahoret et Philippe Pulvé étant marguillers en charge. Charles Gaudureau fils m’a faite ».Dans le choeur, sous une stalle, se trouve un puits profond, ce qui est tout à fait exceptionnel dans une église. Sa destination n’est pas connue : fournisseur d’eau lustrale, puits banal où les habitants avaient le droit de prendre de l’eau quand la sécheresse avait asséché les leurs, ou simple puisard pour évacuer l’humidité? Un dernier mot sur La Poitevine : ce nom surprenant viendrait de ce que ce lieu appartenait dès le VIIème siècle à l’Eglise cathédrale de Poitiers. Le Roi Pépin donnant en 768 à l’Abbaye de Saint-Denis toute la forêt d’Iveline, qui s’étendait jusqu’à Montlhéry et qui renfermait notamment les lieux de Briis, Bruyères et Villarceaux selon la charte de sa donation, dit qu’il excepte de cette donation générale ce qui, dans cette forêt, appartient à d’autres églises, entre autres à celle de St Pierre de Poitiers. Et comme La Poitevine touche à Villarceaux on est assez fondé à croire qu’elle était ce bien de l’église de Poitiers que Pépin avait l’intention d’excepter. Contrairement à de nombreuses communes, Villejust n’avait pas de blason. Une composition a été récemment créée pour pallier cette carence. Les armes parlantes représentent une ville, symbolisée par un rempart, et une épée dressée, symbole de justice. Il suffit de le lire pour retrouver notre bonne Ville juste. |
Mise à jour le 10 mars 2002